Mission
& Impact


L'équipe de recherche sur la prévention du suicide chez les jeunes mène des recherches longitudinales pour suivre l'évolution du suicide et mieux comprendre les facteurs de risque et de protection modifiables et la prévalence des idées suicidaires, des tentatives de suicide et de la mortalité par suicide chez les jeunes. Notre équipe contribue également à l'intervention pour le développement d'une bonne santé mentale.

Ce que
nous faisons

Nous avons analysé de grands échantillons longitudinaux suivis depuis leur naissance au Québec (Échantillon longitudinal et jeunesse du Québec, Étude longitudinale des enfants de la maternelle du Québec), au Canada (Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes), en Europe (National Child Development Study) et en Asie (Korean Youth Survey Panel). Ces études longitudinales contiennent des informations répétées sur les idées suicidaires, les tentatives de suicide et l'automutilation , de l'adolescence à l'âge adulte. Nous collaborons également avec des experts en génétique et en épigénétique par le biais d'un partenariat avec la Plateforme d’analyse biopsychosociale des trajectoires en santé mentale du Réseau québecois sur le suicide, les troubles de l’humeur et les troubles associés.

Nous testons également l'efficacité d'interventions innovantes ciblant ces facteurs de protection pour promouvoir une bonne santé mentale.

Pourquoi étudier
le suicide chez les jeunes

Le suicide est de plus en plus une des principales causes de décès chez les adolescents et les jeunes adultes au Canada et dans le monde. La recherche est malheureusement présentement insuffisante pour informer la prévention. Le suicide chez les adolescents est une question difficile et complexe.

Notre impact

Notre recherche vise à informer
la prévention du suicide chez les jeunes

(1) Comprendre son épidémiologie longitudinale

Nous croyons généralement que les enfants pensent rarement au suicide parce qu'ils ne comprennent pas ou n'imaginent pas leur propre mort. Cependant, le nombre d'enfants âgés de 6 à 12 ans dans la population générale qui pensent au suicide ou le tentent n'est pas négligeable : 7,5 % des enfants ont déclaré avoir des idées suicidaires avant d'atteindre leur 13e anniversaire, 2,2 % avaient un plan de suicide et 1,3 % ont effectivement fait une tentative de suicide (Geoffroy et al. 2022), Lancet Psychiatry). Notre équipe a également découvert que les idées suicidaires augmentent pendant l'adolescence et restent élevées au début de l'âge adulte, alors que le nombre d'adolescents ayant déclaré avoir fait une tentative de suicide est relativement constant entre 12 et 20 ans (~4%) (Orri et al. 2020), PediatricsLa moitié des adolescents qui ont fait une tentative de suicide en feront une autre plus tard dans leur adolescence. Ces adolescents sont plus susceptibles d'avoir eu des symptômes de déficit de l'attention et d'hyperactivité (TDAH) dans l'enfance ou d'avoir été exposés au suicide d'une personne. D'autres, en particulier les filles, ont fait des tentatives de suicide uniquement à l'adolescence et ont signalé des symptômes dépressifs dans l'enfance. Ces deux groupes distincts bénéficieraient d'une intervention précoce, mais différentielle, en milieu scolaire ou clinique (Geoffroy et al., 2020, Psychological Medicine).

(2) Intimidation - Cyber-intimidation 

Notre équipe a constaté des taux plus élevés d'idées et de tentatives suicidaires chez les adolescents qui ont déjà été victimes d'intimidation, notamment ceux qui ont connu l'intimidation chronique par des pairs, indépendamment des problèmes de santé mentale antérieurs ou coexistants (Geoffroy et al., 2018, Canadian Medical Journal Association). La cyberintimidation est un déterminant concurrent encore plus déterminant que l'intimidation en face à face.(Perret et al., 2020, Journal of Child Psychology and Psychiatry). Une cohorte britannique a révélé des associations entre intimidation et la mortalité par suicide jusqu'à cinq décennies plus tard (Geoffroy et al., 2022, Psychological Medicine). Alors qu'il a été suggéré que le risque de troubles mentaux chez un adolescent suite à de l'intimidation peut être accentué ou atténué par sa génétique, notre étude a révélé que les scores polygéniques pour la dépression et l'intimidation étaient indépendamment associés aux symptômes dépressifs, mais n'interagissaient pas entre eux (Perret et al., 2022, Journal of Child Psychology and Psychiatry). L'intimidation et la cyberintimidation sont courantes, souvent cachées des parents et des enseignants, modifiables par une intervention et nécessitent de la vigilance pour éviter les conséquences des mois et des années plus tard.

(3) Renforcer la résilience dans la communauté

Nous avons découvert qu'un soutien social fort peut contribuer à réduire les idées et les tentatives de suicide pour tous et dans le contexte de l'intimidation. Les adolescents rapportant des niveaux plus élevés de soutien social avaient un risque réduit de 50% de faire une tentative de suicide l'année suivante (Scardera et al., 2020, JAMA Network Open). Les adolescents sud-coréens victimes de leurs pairs ont signalé moins de symptômes dépressifs lorsqu'ils ont reçu le soutien de leurs amis (Perret et al., 2021),Journal of Affective Disorders). Nos recherches innovantes contribuent également à établir que l'exposition à la nature est un facteur de protection de la santé mentale, au même titre que l'activité physique. Le fait de grandir dans un quartier plus vert a été associé à une baisse de l'inattention, de l'hyperactivité/impulsivité et des problèmes de comportement chez les adolescentes (mais pas des idées suicidaires) (Bolanis et al. manuscrit soumis pour publication). Les adultes atteints de dépression qui ont marché dans un parc vert ont connu des niveaux d'affect négatif plus faibles que ceux qui ont marché dans un environnement urbain (Watkins-Martin et al., manuscrit soumis pour publication).

(4) École à Ciel Ouvert ou Open Sky School

École à Ciel Ouvert École à ciel ouvert est une intervention basée sur la nature pour le bien-être émotionnel et un mode de vie sain, conçue pour les enfants âgés de 11-12 ans dans les écoles primaires, financée par les IRSC (2021-2023) et le FRQ via OPES (2022-2024). La fin de l'enfance est une période clé pour l'acquisition de compétences émotionnelles qui serviront de fondations à une bonne santé mentale à l'adolescence. École à Ciel Ouvert utilise des stratégies fondées sur des données probantes issues de la psychologie positive, telles que la pleine conscience et l'art-thérapie, dans le cadre d'un enseignement dans la nature. Il existe des preuves soutenant la notion selon laquelle l'exposition à des environnements naturels (par exemple, des espaces verts) contribue à une meilleure santé mentale. À ce titre, un nombre croissant d'initiatives ont vu le jour pour encourager les individus à passer du temps dans la nature, notamment tout au long de la pandémie de COVID-19. Ces pratiques ont été de plus en plus encouragées dans le secteur de l'éducation, mais l'efficacité d'une intervention basée sur la nature visant à favoriser les compétences émotionnelles dans les écoles primaires via une gamme d'activités facilement accessibles aux enseignants n'a jamais été testée. L'efficacité d'École à Ciel Ouvert est actuellement testée dans le cadre d'un vaste essai randomisé impliquant 80 écoles à travers le Québec incluant plus de 2000 enfants.

(5) Informer sur la santé mentale des jeunes pendant Covid-19

En 2021, Geoffroy a été nommée codirectrice de l'axe de la santé mentale de L’Observatoire Pour l’Éducation et la Santé des Enfants (OPES)dirigé par Dr Sylvana Côté avec un financement de 5 millions de dollars du Fonds de recherche du Québec.

Bien que les jeunes aient fait preuve de résilience au cours des premiers mois de la pandémie de COVID-19 (Watkins-Martin et al., 2022), la prévalence de dépression et de problèmes d'anxiété graves a augmenté de moitié après un an de pandémie. Les jeunes sollicitent également davantage les services médicaux d'urgence pour des problèmes de santé mentale pendant la pandémie de Covid-19 (Beaudry et al., 2022). En collaboration avec le Dr Thombs, nous menons un projet de revue systematique de la litterature vivante pour informer les politiques et les chercheurs sur la santé mentale des jeunes (0-24 ans) au Canada pendant la pandémie. Nous présentons activement nos messages clés à un certain nombre de réseaux (par exemple, Réseau québecois pour la réussite educative) et à des conférences.

Notre impact

dans la communauté

(6) Sensibilisation du public

Nous sommes fermement engagés dans des initiatives d'application des connaissances et de sensibilisation au public, comptabilisant de nombreuses apparitions dans les médias. Depuis 2018, notre travail a fait l'objet de reportages dans de nombreux médiasincluant CBC News, Radio-Canada et La Presse, ainsi qu'à l'échelle internationale dans The Guardian et le Daily Mail. En 2013, la Dre Geoffroy a figuré parmi les " chercheurs les plus cités dans les médias " de l'Université de Montréal. Elle a conseillé des organismes gouvernementaux et non gouvernementaux sur des programmes de santé mentale et de prévention du suicide, notamment l'Agence de la santé publique du Canada et la Commission de la santé mentale du Canada. Travaillant constamment à intégrer la recherche à la pratique clinique, elle a co-développé avec des psychologues expérimentés pour enfants (Dr Karina Béland) et pour adultes (Dr Sylvie Corbeil) de l'Institut universitaire en santé mentale Douglas une formation sur la prévention du suicide destinée aux étudiants en psychologie.

 Elle a également créé de nombreuses infographies et de courtes vidéos résumant ses recherches en termes simples pour les utiliser sur les réseaux sociaux.